Jean bart

Roman: Meurtre à Dunkerque "Sous l'oeil de Jean Bart" Chapitre 6 (Roger Constantin & Krystel)

Photo d'illustration:  La statue de Jean Bart à Dunkerque

 

 

Roger Constantin & Krystel

 

Meurtre à Dunkerque

"Sous l’œil de Jean Bart"

 

Résumé

Dunkerque, 27 août 2014, Place Jean Bart.

Yorick Leroy découvre son épouse Eva, morte dans la salle de bains, la veille de leur dixième anniversaire de mariage.

Accident ou suicide?

Persuadé qu'il s'agit d'un crime, le commissaire Magnac ouvre une enquête.  Les mensonges s'accumulent chez les antagonistes.  Yorick mène une double-vie avec Petra son ambitieuse maîtresse.  David son meilleur ami ment aussi.  

Et même la caissière du supermarché!

Mais qu'ont-ils de si important à cacher?

Et si Jean Bart avait tout vu depuis son piédestal?

 

Dunkerque hotel ville

Dunkerque : L'hôtel de Ville

 

 

Cette oeuvre est une pure fiction.

Toute ressemblance avec des faits et des personnes existants ou ayant existés ne serait que fortuite et involontaire.

 

 

Chapitre 6

 

En ce vendredi matin, le commissaire arriva très tôt à l’hôtel de police, bien avant la plupart de ses collègues. Tourmenté, la veille au soir au « Tormore », devant son verre de Pinot noir, à propos d’un éventuel empoisonnement, il relut les rapports de l’enquête de voisinage en essayant de débusquer un indice qui pourrait l’orienter vers un crime.

Le cas d’Éva Lambert, épouse Leroy, n’était pas des moindres ! Empoisonnée par qui ? Et pourquoi ? Des questions qu’il ne cessait de retourner dans sa tête.

Le jeune homme était l’un des premiers suspects plausibles puisqu’il assurait le ravitaillement d’Éva en alcool pour combler ses besoins pécuniaires. Cependant, cette hypothèse paraissait un peu trop simpliste pour Richard. Ce gars serait bien idiot de se priver lui-même de certains avantages en assassinant sa poule aux œufs d’or.

En fin de matinée, il serait fixé. Il suffisait juste d’attendre que l’individu en question soit intercepté par Justine et par Pierre Martin, envoyés en planque au tabac presse « La Civette ». Si le petit jeune venait à la librairie, comme d’habitude, cela le disculperait forcément car cela prouverait son ignorance au sujet du décès d’Éva.

Dans le cas contraire, il deviendrait le suspect idéal, obligeant à établir un portrait-robot par les forces de l’ordre et à lancer des recherches contre lui. Richard avait décidé de rester au commissariat jusqu’au retour de ses collègues et d’assurer le suivi d’autres affaires en cours.

Vers 11h30, le jeune inconnu était ramené par Justine Devos et l’inspecteur Martin qui le conduisirent dans le local prévu pour les interrogatoires. Richard s’y rendit tout de go pour le questionner personnellement, en présence de ses confrères, au cas où le jeunot serait une tête de turc ou un forcené.

—Voilà notre « suspect numéro 1 » commissaire ! Annonça Justine qui se tenait debout à côté du garçon, il s’appelle Serge Bocquet, 19 ans, actuellement au chômage et il habite rue Chanzy, à Saint-Pol-sur-Mer.

Serge Bocquet était apeuré de se retrouver en pareille posture. Il avait été très surpris par cette interpellation et tremblait de tout son être. Pendant le court voyage jusqu’au commissariat, la seule explication, qui lui venait à l’esprit, concernant cette arrestation, était ses petits boulots au noir. Peut-être avait-il été dénoncé ? Qu’allait-il se passer ? Qu’allait-il devenir ? L’amende lui faisait peur, pire, la prison.

Richard Magnac l’extirpa de ses angoisses par une question à laquelle il ne s’attendait pas du tout.

—Monsieur Bocquet, dites-moi, connaissez-vous Éva Leroy ?

—Euh… Éva… comment ?

—LEROY ! S’impatienta Richard qui avait horreur qu’on le prenne pour un abruti.

—Euh… ce nom ne me dit rien…

—Vous habitez à Saint-Pol-sur-Mer et vous venez acheter vos cigarettes à « La Civette », place Jean Bart, ainsi que le journal quotidien ! Avouez que c’est bizarre de venir d’aussi loin pour faire vos achats ! N’y a-t-il pas de bureaux de tabac et de presse à Saint-Pol-sur-Mer ?   

—Je viens chez un ami qui vit boulevard Sainte Barbe et je l’aide à rénover son appartement… bénévolement bien sûr ! Je vous assure ! Vous pouvez vous renseigner !

—Sans problème, répliqua Justine attentive aux questions posées, heureusement que vous avez ajouté « bénévolement » monsieur Bocquet !

—Et deux fois par semaine, vous vous rendez à la librairie Majuscule pour vous procurer des romans. Je constate, qu’avec vos moyens limités, vous êtes un grand fan de Marc Levy ! Il n’est pas dû à tout le monde de lire du Marc Levy !

—Oh, oui, vasouilla-t-il, hésitant, effectivement… j’ai… lu… plusieurs de ses romans !

—Ce n’est pas bon marché du Marc Levy, surtout pour une personne au chômage ! Comment faites-vous pour acheter deux romans de ce type par semaine ? Je suppose que vous avez lu « Et si c’était vrai » ? L’histoire se passe à New York si je me rappelle bien…

—Oui, à Central Park !

—Central Park ! Oui, il s’agit d’une œuvre de Guillaume Musso, monsieur Bocquet ! Un Musso que vous avez acheté le 4 août. Soit quinze jours avant « Et si c’était vrai » de Marc Levy. La bonne réponse était San Francisco et non Central Park ! Un léger sourire caustique déformait les lèvres de Richard. Il était fier d’avoir tiré dans le mille.

—Je… j’ai dû confondre… oui, c’est cela, je me suis trompé. Je lis tellement !         

Richard se leva de son siège en regardant Justine qui n’avait pas bougé d’un centimètre. Il l’invita à prendre sa place dans l’interrogatoire. Il alla s’appuyer contre un pan de mur afin de suivre l’entretien, certain que le jeune homme serait vite troublé et déstabilisé par la vénusté de sa troublante collègue.

—Vous mentez sur toute la ligne, monsieur Bocquet ! Lança sèchement Justine en s’asseyant face à lui, vous n’êtes pas ce lecteur assidu que vous prétendez être !

—Si, si… je vous l’assure ! Je vous dis la vérité…

—Assez, c’en est assez ! Cessez de vouloir nous rouler dans la farine ! S’écria la lieutenante d’un ton spartiate, vous connaissez Éva Leroy et vous lui faites ses courses contre un peu de fric !

—Ce n'est pas vrai… se défendit-il complètement avachi sur sa chaise, le regard fourbe, vissé sur le sol.

—Inutile de nier monsieur Bocquet. Nous avons des témoins. Nous avons réquisitionné le téléphone portable de madame Leroy et votre numéro y figurait. Les romans étaient destinés à Éva Leroy, non à vous. D’ailleurs, en toute confiance, elle vous prêtait sa carte de fidélité. C’est comme cela que nous connaissons les titres achetés.

—Mais, mais… vous n’allez tout de même pas me dénoncer à Pôle emploi ! Je perdrais mes allocations ! Éva est une femme généreuse qui veut juste m’aider pour que je m’en sorte financièrement. Ce n'est pas très grave, n’est-ce pas ? Elle a pitié d’un pauvre paumé comme moi, c’est tout… c’est une brave dame !     

 —Il n’y a pas de « mais » monsieur Bocquet ! Il fallait penser aux conséquences de vos actes avant ! Alors, que faisiez-vous exactement pour Éva Leroy ?

―À la suite d’une petite annonce dans la « Voix du Nord », où je proposais mes services pour des petits boulots, elle m’a contacté fin juillet pour que je lui rende des services, car elle prétendait être débordée. Je me suis donc présenté à son domicile le lendemain matin. Mon job consiste à lui faire certaines courses, seulement du lundi au vendredi. Jamais le week-end quand son mari n'est là.

—Qu’appelez-vous certaines courses ? Demanda Justine.

—Je dois aller lui chercher des bouteilles d’alcool dans un supermarché, puis passer dans un tabac presse pour prendre ses clopes et le journal. Je les prends très souvent à la « Civette » en descendant du bus. Deux fois par semaine, je vais chez « Majuscule » chercher les bouquins qu’elle me demande. Elle me donne toujours l’argent de ses courses à l’avance et elle me paie ma livraison 25 euros. C’est bon à prendre quand on est fauché !

Richard n’était pas dupe. Il voyait bien que le jeune parlait d’Éva au présent comme s’il la savait toujours vivante. Il s’abaissa pour ramasser le sac posé sur le sol et l’ouvrit pour en énumérer son contenu. Il prit un certain plaisir à en déposer les objets, les uns après les autres sur la table.

—Donc, si l’on regarde dans votre sac aujourd’hui, il y a deux bouteilles de Vodka Smirnoff, une bouteille de Cognac Courvoisier et deux bouteilles de vin rosé de Provence. Et du Bandol pardi ! Ensuite, nous avons deux paquets de cibiches et le journal. C’est beaucoup pour un jour. Vous ne trouvez pas ?

—Chaque vendredi, il y a une bouteille de Cognac et deux bouteilles de vin en plus…

—Sans doute pour la consommation de Yorick durant le week-end, déclara Justine qui enchaîna sur la question suivante.

—Et hier comment se fait-il que vous ne l’avez pas livré ?

—Je lui ai apporté une double commande mercredi matin, car je devais me présenter à Pôle Emploi pour un entretien, à onze heures. Comme j’ai souvent d’autres petits jobs l’après-midi… aucun souci !

—Au Pôle Emploi de Dunkerque ?

—Oui bien sûr ! Mais pourquoi toutes ces questions ?

Justine quitta le local et s’en alla donner un coup de téléphone pour vérifier l’alibi de Serge Bocquet. Pendant un long moment, Richard ne posa plus de questions au suspect. Il se contentait juste de le regarder, conscient de son innocence. Quoique les traits du visage du jeune homme se soient lénifiés, il semblait toujours contrarié par cet interrogatoire étrange. Pour Richard, il était temps d’en venir au but.

—Et mercredi 27 août, entre 15 heures et 18 heures, qu’avez-vous fait ? Lança-t-il subitement en s’asseyant face au jeune homme, impatient de revoir Justine réapparaître.

—Je devais aller peindre un vestibule, chez un vieux monsieur habitant Malo, mais il m’a téléphoné vers 14 heures afin de m’apprendre qu’il devait s’absenter. Je suis donc resté chez mes parents et j’ai joué à la Playstation avec mon plus jeune frère. Maintenant c’est bon ? Ou il faut que je vous dise que je suis sorti avec ma petite amie après !

Serge Bocquet commençait à s’énerver et le ton de sa voix trahissait largement son agacement. Richard Magnac ne s’en offusqua pas, au contraire. Ce jeune homme sentait la disculpation à plein nez.

—Calmez-vous, donnez-moi le numéro de téléphone de vos parents et je demande à la lieutenante Devos de vérifier vos dires. Après vous devriez être tranquille !

Richard quitta le local un court instant et communiqua l’information à Justine, toujours en ligne avec un employé de Pôle Emploi. Les dernières questions ne rassuraient pas le jeune Bocquet qui devinait bien qu’une affaire plus importante que son travail au noir le retenait au poste de police. Il s’empressa de réclamer des comptes à Richard et à Justine lorsqu’ils revinrent.

—Vous pourriez me dire pourquoi je suis là au moins. C’est la moindre des politesses !

—Vous pouvez rentrer chez vous monsieur Bocquet, répondit la lieutenante Devos, vous êtes libre. Nous devrons néanmoins avertir Pôle emploi de vos petits jobs pas très légaux !

Richard fut moins brutal et dans ses propos et assouvit la demande de son interlocuteur.

—Désolé monsieur Bocquet, mais nous devions prendre toutes nos précautions. Maintenant, je peux vous le dire, madame Leroy a été retrouvée morte chez elle, mercredi en début de soirée. J’en suis navré.   

Deux petites larmes perlèrent au coin des yeux du jeune homme, visiblement choqué par la terrible nouvelle.

—Mince ! Je l’aimais bien madame Leroy. Même dans son état de pocharde, elle était toujours sympathique avec moi. Ce n’est pas possible ! Une si belle et si gentille dame! Comment est-elle morte, dites-moi, comment est-elle morte ?

—Si nous le savions… répondit Richard, pinçant ses lèvres.

Le jeune chômeur, au désespoir, sortit du local en saluant Justine et Richard. Ces derniers échangèrent un regard dépité. Finalement, un clin d’œil synonyme de confiance, de la part du commissaire, fit sourire la jolie frimousse de sa collègue.

—Ce n’est qu’un pauvre bougre, qui je pense, à part son « black », n’a jamais rien fait de mal, déclara Richard en avançant dans le couloir pour regagner son bureau.

—Tu ne penses pas que je me suis montrée un peu trop drastique avec lui ? Il était si courtois ce gamin ! Il essaye juste de se faire un peu de pognon, c’est tout. Il ne ressemble en rien au braqueur de petites vieilles que l'on rencontre assez souvent… hein ?

—C’est vrai Justine ! Ne le dénonce pas. Envoie-lui seulement un avertissement et qu’on le garde sous surveillance.

—Juste, lui foutre un peu la trouille et que si nous le chopons, il aura des emmerdes ! Richard, tu es parfois trop cool avec les jeunes !

Le commissaire jugea cette réflexion bien impertinente et c’est d’un geste du bras droit qu’il fit sentir son 60 mécontentement. Justine le suivit des yeux jusqu’à la sortie et se dit qu’il n’en existait pas deux comme lui.

(à suivre  : le chapitre 7 sera publié demain vers 14 heures)

 

 

Les auteurs

 

A nous milord

Roger Constantin et Krystel à gauche.

A droite Clair Pirotton épouse de Roger ou de Christian, c'est selon...

L'improbable alliance de deux auteurs que rien ne réunissait au départ sauf cet incroyable challenge d'écrire un polar.

Roger Constantin vit au sud de Liège dans les Ardennes belges et son premier roman aborde le domaine sentimental aux dimensions fantastiques.

Krystel habite Dunkerque et écrit des romans historiques, passionnée par la vie de Louis XIV.

Ensemble, ils ont relevé le défi.

 

Making of (5)

Comment vous est venue l'idée d'écrire ce roman à quatre mains ?

L'écriture du roman avançait bien et j'avais trouvé le fil conducteur de l'histoire même certaines modifications ou changements intervenaient par la suite. Il est vrai que de nouvelles idées germaient au fur et à mesure que les chapitres prirent tournure. Durant le même temps,

Krystel s'occupait déjà de préparer la couverture du livre et elle m'avait fait parvenir un dessin pour illustrer le roman. Il s'agissait d'un portrait de Jean Bart réalisé par un artiste de rue à Dunkerque et connu sous le nom de Croqtabouille, pour illustrer le roman.

 

Jean bart croqtabouille

( à suivre )

 

 

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