Jean bart

Roman: Meurtre à Dunkerque "Sous l'oeil de Jean Bart" Chapitre 5 (Roger Constantin & Krystel)

Photo d'illustration:  La statue de Jean Bart à Dunkerque

 

 

Roger Constantin & Krystel

 

Meurtre à Dunkerque

"Sous l’œil de Jean Bart"

 

Résumé

Dunkerque, 27 août 2014, Place Jean Bart.

Yorick Leroy découvre son épouse Eva, morte dans la salle de bains, la veille de leur dixième anniversaire de mariage.

Accident ou suicide?

Persuadé qu'il s'agit d'un crime, le commissaire Magnac ouvre une enquête.  Les mensonges s'accumulent chez les antagonistes.  Yorick mène une double-vie avec Petra son ambitieuse maîtresse.  David son meilleur ami ment aussi.  

Et même la caissière du supermarché!

Mais qu'ont-ils de si important à cacher?

Et si Jean Bart avait tout vu depuis son piédestal?

 

Dunkerque hotel ville

Dunkerque : L'hôtel de Ville

 

 

Cette oeuvre est une pure fiction.

Toute ressemblance avec des faits et des personnes existants ou ayant existés ne serait que fortuite et involontaire.

 

 

Chapitre 5

 

En cette fin de matinée du 28 août, Richard Magnac se rendit chez son cardiologue pour passer sa visite de routine. Il se pliait à cet examen biannuel depuis qu’il avait fait une péricardite à l’âge de 47 ans. Ayant déjà reporté ce contrôle obligatoire à deux reprises, à cause de son boulot, il commençait à regretter car depuis quelques semaines, il ressentait une légère douleur ponctuelle dans la cage thoracique. Il espérait qu’une échographie du muscle cardiaque le rassurerait. C’est rasséréné sur son état de santé qu’il quitta le cabinet du docteur.

Il profita de l’entracte du midi pour faire un détour par la rue Dupouy et aller casser la croûte à son domicile. Raison de plus, un certain calme olympien inhabituel siégeait au commissariat et son toubib lui avait recommandé de faire de la marche à pied. Pour s’octroyer ce court instant sportif, il avait envoyé Justine et l’inspecteur Martin faire une enquête de voisinage pendant son absence chez le médecin. À cette heure, ils devaient être rentrés.

En traversant la Place Jean Bart d’un pas alerte, Richard, perdu dans ses pensées, n’aperçut pas un homme immobilisé, en admiration devant la statue du pirate. Il le percuta de plein fouet. Dans la violence du choc, le bonhomme s’étala de tout son long sur le sol.

—Pardon monsieur, je suis vraiment désolé ! J’étais distrait. Vous n’êtes pas blessé au moins ? Lui demanda Richard confus.

Il lui proposa une main cordiale pour l’aider à se relever. 

—Oufti ! S’écria l’homme en acceptant sa pogne solide, je suis un peu secoué, mais ça va. Plus de peur que de mal !

—« Oufti » répéta Richard, je connais bien cette expression ! Et avec votre accent, je devine que vous êtes liégeois… hein ?

—Effectivement, je viens de Liège ! Mon nom est Constantin, Roger Constantin.

—Permettez que je me présente ! Richard Magnac, commissaire Magnac de la police de Dunkerque. Votre expression me rappelle Albert Leblanc, une connaissance, un commissaire de police à Liège. C’est par le biais d’une manifestation de l’association internationale de police que nous nous sommes rencontrés.

—Albert Leblanc, mais je le connais ! C’est dingue, comme le monde est petit ! Il habite mon village et nous sommes pratiquement voisins.

—Ah, merveilleux ! Puis-je vous inviter à prendre un verre dans un bistrot de la Place, ce soir, après mon service ?

—Désolé, mais je rentre en Belgique en fin d’aprèsmidi, mais… je reviendrai bientôt ! Mon amie de plume, Krystel, vit dans cette charmante ville de Dunkerque. Nous écrivons un roman ensemble… un polar !

—Mais c’est très intéressant ça ! Tenez, prenez ma carte et contactez-moi lors de votre prochaine venue. Et si vous voulez bien transmettre mes amitiés à mon pote Albert ?

—Je n’y manquerai pas monsieur Magnac !    

Dès qu’elle l’aperçut, Justine s’empressa de demander à son supérieur quel était son bulletin de santé. Il la rassura tout en marchant dans le couloir. Les troubles venaient de son estomac. Elle le suivit dans son bureau en lui conseillant de moins angoisser et enchaîna aussitôt sur l’enquête de voisinage.

—As-tu appris quelque chose d’intéressant ? S’enquerra-t-il.

—Au niveau des autres occupants de l’immeuble, rien de bien particulier ! Pas de scènes de ménage, pas de disputes. On les considérait comme un couple sans histoire. Le voisin du premier m’a parlé de chambard nocturne pendant une époque, mais il m’a assuré que depuis un mois, le calme était revenu. Bon, rien de bien méchant, m’a-t-il avoué. Éva faisait régulièrement la fête avec des copines. Elle les invitait, généralement en fin de soirée, sans doute, au retour d’une bouffe ou d’une sortie dans un bar. Cela se limitait à la musique un peu trop forte et aux fous rires dans les couloirs. Des poules dans un poulailler, m’a-t-il dit en rigolant.

—Et « régulièrement » pour lui, cela correspond à quelle fréquence ? Jamais d’hommes dans l’aventure ?

—Une à deux fois par semaine. En général, les bringues duraient de vingt-trois heures à deux heures du matin mais toujours quand Yorick était absent. À sa mémoire, jamais de voix masculine dans le troupeau mais il ne peut jurer qu’il n’y avait pas d’hommes. David Vermeulen venait de temps en temps. Il l’avait déjà croisé dans les escaliers mais rarement en l’absence de Yorick. Cela m’a été confirmé par un autre voisin.    

—Et de la journée, quelque chose à dire ?

—Les voisins sont absents la plupart du temps Richard ! Ils travaillent. À part une vieille dame et son chat qui n’a jamais rien vu ni entendu de particulier. Mais à la librairie voisine, une vendeuse m’a déclaré qu’un jeune homme venait chercher des romans pour Éva. Il fréquentait également la Civette pour y acheter le journal « La Voix du Nord », des magazines et des cigarettes. Il avait toujours un sac en bandoulière et quand il y glissait le journal, on pouvait y voir des bouteilles de divers alcools. Il venait chaque fois à la même heure, vers onze heures le matin. Semble-t-il avant l’apéro !

—Le jeune homme est connu dans le coin ?

—Non, personne ne l’avait vu dans le quartier auparavant. Je pense que ce doit être un chômeur qui fait ce genre de courses contre quelques rétributions sonnantes et trébuchantes.

Justine ajouta qu’elle se tiendrait le lendemain matin au tabac presse La Civette pour tenter d’intercepter le jeune homme. Bizarrement, il n’était pas venu aujourd’hui. Il pouvait être considéré comme suspect, avec comme mobile, l’appât du gain et l’argent vite gagné en volant sa bienfaitrice. Justine avait aussi appris que les Leroy étaient des gens aisés. Un voisin avait souligné que Yorick avait changé de voiture six mois plus tôt. Et pas des moindres ! Amateur de voitures sportives, il avait troqué sa Peugeot RCZ de 2010 contre une Porsche 911 Carrera S au début de l’année.

—Et dans leur comportement avec le voisinage et les gens du quartier, quelque chose à nous mettre sous la dent ?  

—Non, malgré leur standing, ils étaient sympathiques et participaient, chaque année, à la fête des voisins. Ils invitaient même parfois ceux de l’immeuble à prendre l’apéritif dans leur appartement. C’est d’ailleurs à cause de cette entente cordiale que le voisin du dessous n’a jamais porté plainte pour le tapage. Il s’était juste contenté d’en faire la remarque à Éva, qui l’avait acceptée, sans toutefois en tenir compte pour la fête suivante.

Durant ce temps, l’inspecteur Pierre Martin avait fait des recherches administratives sur le couple, sans rien trouver de particulier au niveau judiciaire. Deux procès pour excès de vitesse en ce qui concernait Yorick et un accident de la circulation en droit, en compagnie de David.

Yorick en était sorti indemne, mais c’est cet accident qui avait mis un terme prématuré à la carrière de tennisman de son meilleur ami. Un élément que Martin jugeait utile d’en avertir le commissaire et de le noter dans le dossier. Il venait de contacter le médecin légiste pour avoir les premiers résultats quand Richard l’appela dans son bureau.

—Désolé commissaire mais le docteur Dubois a une autre autopsie sur les bras et nous n’aurons pas les résultats avant demain après-midi.

—Et en ce qui concerne la prise de sang ?

—Pas encore de résultats non plus ! Mais le légiste a demandé une chromatographie. Quant aux blessures à l’arcade sourcilière, elles proviennent bien de la chute. Celles qui sont au-dessus de la tempe ont été provoquées par le bris du flacon de parfum et ne sont que très superficielles. Cela étaye bien votre théorie commissaire. Si on l’avait frappé avec le flacon ou si on lui avait lancé à la figure, les plaies seraient plus profondes. Pas de coloration intense de la peau qui pourrait faire penser à un empoisonnement au cyanure d’hydrogène. Ou… alors, s’il a été utilisé, la dose serait trop faible pour provoquer une mort instantanée.   

—Bizarre, j’aurais pourtant parié que cette odeur d’Amaretto dans le verre…

—Patience commissaire ! Justine a peut-être les résultats de la scientifique. Son rouquin d’Horacio a dit, ce matin, qu’il lui enverrait des infos dans l’après-midi.

—Martin, je vous en prie, je sais que le lieutenant Fournier est roux alors arrêtez de le comparer tout le temps à Horacio ! Cela devient lassant à la longue !!!

—Évidemment, seule la lieutenante Devos a la primeur de lui attribuer ce sobriquet ! N’est-ce pas commissaire ?

—Merci pour votre humour Martin mais à l’avenir soyez plus créatif au lieu de répéter bêtement les surnoms que des personnes donnent aux autres.

Avant de se rendre auprès de Justine, Richard prit un café au distributeur de boissons. Il la surprit au téléphone. Pendant qu’elle était en grande conversation avec le lieutenant Fournier, le commissaire ne put s’empêcher de l’observer, toujours admiratif devant ses mimiques. Plus que l’empathie d’un père à son égard, il était un petit peu amoureux d’elle, de cet amour platonique qui laisse un homme rêveur et mélancolique. Ce doux sentiment lui procurait des palpitations au cœur, à son cœur bien malmené depuis quelque temps.    

—Bon, on en sait un petit peu plus mais pas assez pour être aiguillé sur une autre piste que le suicide, lui annonça Justine.

—C’est-à-dire ?

—C'est-à-dire qu’il n’y a pas de traces d’effraction à l’appartement. Les empreintes correspondent bien à celles de la victime et du mari. Sur l’emballage des barbituriques, il y a les empreintes de chacun. Conclusion ; la plaquette de comprimés que Yorick a pris, provenait bien de la même boîte.

—Et que nous apprend mon verre de vieil Armagnac?

—Ton riche « Ar-Magnac », lui lança-t-elle en éclatant de rire.

L’œil coquin et enjoué, elle glissa la main gauche dans ses cheveux pour remettre sa coiffure en place. Richard se sentit fondre sous ce geste féminin. « Qu’est-ce qu’elle est belle », pensa-t-il. Il dissimula son émotion sous son humour habituel.

—Bravo pour le jeu de mots ! Je ne m’y attendais pas ! Je le trouve surprenant, très surprenant de ta part toi qui est si sérieuse de coutume. Ignorant tout du raz-de-marée qui submergeait son collègue, elle reprit le fil de l’enquête sur le pouce.

—Il y aurait bien des traces de cyanure d’hydrogène dans le verre. On en a également retrouvé dans la bouteille d’Armagnac.

―Ah, ah ! Je l’avais deviné. N’avait-on pas parié un verre au « Tormore » sur ce coup-ci ?   

—Oups ! Il me semble que tu as vite fait de mettre tes talents en œnologie à profit. Roublard va !

Justine lui lança une boulette de papier au visage. Richard, toujours sur ses gardes, anticipa son geste en s’esquivant. Il la regarda, les yeux remplis d’admiration devant son toupet irrespectueux vis-à-vis d’un supérieur. Il ne lui en voulait pas. Que ferait-il sans elle ? C’est bien à regret qu’il écourta cet entretien et tourna les talons.

Dans le couloir, l’inspecteur Martin vint à sa rencontre.

—J’ai des nouvelles de Yorick Leroy, commissaire ! Il est tiré d’affaire et se réveille lentement. J’ai demandé au médecin de l’hôpital de le garder en observation et de lui faire suivre une thérapie psychiatrique.

—Très bonne initiative Martin ! Le bonhomme en a bien besoin ! Nous l’interrogerons demain. Il était déjà plus de 17 heures et toujours pas de faits nouveaux à ajouter à l’enquête.

Le commissaire décida de rentrer chez lui, mais Justine l’apostropha sur le parking de l’hôtel de police.

—Allez Richard, tu as gagné ! Je te l’offre ce verre ! Que ferai-je sans toi mon ami ? Ils se rendirent au Pub « Le Tormore » où Justine commanda une bouteille de Pinot noir d’Alsace.

—Un Pinot noir de chez Meyer à Barr ! Judicieux choix ma chère. Ce domaine jouit d’une fameuse réputation… 

 À ce moment-là, il était loin de se douter que Petra Keller, directrice des vignobles Meyer, sous la tutelle de la société Vinalsace, allait apparaître de manière bien étrange dans son enquête.

—À ta santé Richard ! Ajouta Justine en lui tendant son verre pour trinquer. Tu sais Richard, je te le dis, car on est entre nous, mais par moment je me fais du souci pour toi. Tu te surmènes trop. À quand remontent tes dernières vacances ? Tu es le meilleur « détective » que je connaisse. Tu as un flair d’Épagneul.

—Arrête ou je vais verser une larme…     

—Trêve de pleurnichage ! Comment vois-tu la suite de nos investigations ?

—En résumé, on a un mari qui tente maladroitement de mettre fin à ses jours, un jeune suspect inconnu de tous, un ami d’enfance de Yorick Leroy qui détient le double des clés de l’appartement et notre victime. Voilà pour les personnages qui tissent cette trame dramatique. Ensuite, le reste, un verre et une bouteille empoisonnée au cyanure, des barbituriques et de l’alcool, un flacon de parfum en mille morceaux. Tout pour réussir un passage de vie à trépas ou pour le provoquer. Pas d’empreintes suspectes, pas d’effraction, un couple sans histoire d’après les voisins. Donc on nage dans le brouillard…

—Pourquoi es-tu si perplexe Richard ?   

—Le détail qui me chiffonne, c’est ce flacon de parfum brisé. Quelqu’un qui décide de se suicider ne va pas se parfumer juste avant de mourir. Même par sursaut d’orgueil !

—Elle ne voulait donc pas mourir. Elle a cassé volontairement son flacon de « Midnight Poison » avant de s’écrouler dans la salle de bains ! Suggéra la lieutenante Devos d’un ton hésitant.

—Bingo !!! Merci Justine ! « Midnight Poison » de Dior, un flacon bleu. C’est clair !

—Je ne te suis plus là !

—C’est évident pourtant ! Quelqu’un a empoisonné Éva ! Le flacon est un message ! « Poison » plus la couleur « bleu de Prusse » c’est égal à : acide prussique, donc cyanure d’hydrogène !

—La vache Richard ! Tu devrais boire plus souvent du Pinot noir, car il te met les neurones en exergue !

(à suivre  : le chapitre 6 sera publié demain vers 14 heures)

 

 

Les auteurs

 

A nous milord

Roger Constantin et Krystel à gauche.

A droite Clair Pirotton épouse de Roger ou de Christian, c'est selon...

L'improbable alliance de deux auteurs que rien ne réunissait au départ sauf cet incroyable challenge d'écrire un polar.

Roger Constantin vit au sud de Liège dans les Ardennes belges et son premier roman aborde le domaine sentimental aux dimensions fantastiques.

Krystel habite Dunkerque et écrit des romans historiques, passionnée par la vie de Louis XIV.

Ensemble, ils ont relevé le défi.

 

Making of (4)

Comment vous est venue l'idée d'écrire ce roman à quatre mains ?

Après cette visite de Dunkerque, je pouvais donc corriger les textes des deux premiers chapitres et commencer à rédiger l'histoire sans réellement connaître la tournure définitive.

Dans un premier, je me concentrais sur les traits de caractères pour chaque personnage et sur le ton des répliques où je voulais jouer la carte de l'humour entre le commissaire Magnac et sa partenaire Justine ou parfois ronchon avec ses autres collègues. 

Au fur et à mesure que j'avançais dans l'écriture et chapitre après chapitre, Krystel supervisait les textes, donnait son avis sur des points à corriger ou a changer et elle apportait également sa touche féminine dans la rédactions des scènes plus coquines.

(à suivre)

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