Roman: Meurtre à Dunkerque "Sous l'oeil de Jean Bart" Chapitre 3 (Roger Constantin & Krystel)
- Par christian62
- Le 19/04/2020
- 0 commentaire
Photo d'illustration: La statue de Jean Bart à Dunkerque
Roger Constantin & Krystel
Meurtre à Dunkerque
"Sous l’œil de Jean Bart"
Résumé
Dunkerque, 27 août 2014, Place Jean Bart.
Yorick Leroy découvre son épouse Eva, morte dans la salle de bains, la veille de leur dixième anniversaire de mariage.
Accident ou suicide?
Persuadé qu'il s'agit d'un crime, le commissaire Magnac ouvre une enquête. Les mensonges s'accumulent chez les antagonistes. Yorick mène une double-vie avec Petra son ambitieuse maîtresse. David son meilleur ami ment aussi.
Et même la caissière du supermarché!
Mais qu'ont-ils de si important à cacher?
Et si Jean Bart avait tout vu depuis son piédestal?
Dunkerque : L'hôtel de Ville
Cette oeuvre est une pure fiction.
Toute ressemblance avec des faits et des personnes existants ou ayant existés ne serait que fortuite et involontaire.
Chapitre 3
Justine était en train de papoter avec l’inspecteur Martin lorsque le commissaire Magnac arriva à l’hôtel de Police.
—Bonjour commissaire ! Entonnèrent ensemble les deux collègues.
Le commissaire acquiesça de la tête avant de leur tendre la main. Il s’adressa ensuite à Martin qui, la veille au soir, s’était attardé sur les lieux de l’enquête jusqu’à la fin pour savoir si des scellés avaient été posés à l’appartement.
—Non, la scientifique a terminé son boulot dans la soirée et le médecin légiste a fait transférer le corps à la morgue.
—Et le mari, l’avez-vous fait encadrer par un psy ?
—Non commissaire, il n’a pas voulu ! Ses parents n’ont pas pu l’héberger pour la nuit, car ils sont en vacances, dans leur villa à Saint-Aygulf, dans le Var. Quant à sa sœur, elle habite Bordeaux ! On lui a proposé un hôtel, mais il a préféré rester chez lui.
—Ok inspecteur ! Merci pour les détails. Et vous, lieutenante Devos, je vous attends dans mon bureau ! Si vous voulez bien me suivre…
Par respect envers son supérieur hiérarchique et surtout par politesse, Justine ne tutoyait jamais Richard en public et a fortiori devant ses collègues. Pourtant, la plupart d’entre eux connaissait leur complicité hors du commun, les suspectant même d’avoir une relation intime. Un doute que Richard cernait parfois dans leurs regards tacites. Cela ne le dérangeait guère et le flattait d’avoir gardé son pouvoir de séduction de jeune homme. À vrai dire et malgré la différence d’âge, il s’avouait en secret, avoir une réelle et profonde affection pour elle. Quant à Justine, en dehors de l’admiration professionnelle qu’elle lui vouait, elle entretenait un certain attachement pour son aîné. Un peu comme si une fibre protectrice et paternelle les unissait.
—Tu n’as pas l’air dans ton assiette Richard ! Ce ne sont tout de même pas les quatre mousses d’hier soir au Tormore qui te mettent dans cet état ? Lui dit-elle en entrant dans son bureau et en laissant la porte reclaper.
—Non c’est à cause d’Éva Lambert… elle m’a empêché de trouver le sommeil !
—Qu’est-ce qui te tracasse, dis-moi ? Toujours debout derrière son bureau, le commissaire se gratta le front à la manière du lieutenant Columbo et se laissa choir dans son fauteuil. Il invita Justine à prendre place en face de lui. Elle prit place sur la chaise habituellement dédiée aux malfrats, confortable cependant.
—En revoyant la scène dans ma tête, durant la nuit, j’ai découvert quelques trucs qui ne collent pas. L’arcade sourcilière ouverte dans la chute, en cognant l’évier, j’admets ! Mais…
—Mais c’est la blessure au-dessus de la tempe qui te rend perplexe ! Oui, moi aussi je la trouve bizarre cette plaie. Tu en déduis quoi ?
—Qu’il est impossible d’avoir une lésion à cet endroit si c’est l’arcade sourcilière qui a buté contre l’évier ! Comme il est impossible d’ailleurs, que ce soit la fiole de parfum en tombant de la tablette qui ait tranché la chair. Éva aurait juste eu un hématome, non une entaille et le flacon, amorti par sa tête, se serait juste ébréché sur le carrelage !
—Et pas désintégré en mille morceaux si je comprends bien ! Et si on lui avait lancé le parfum en pleine figure ? Avança Justine.
—Non, je ne crois pas ! Dans ce cas, se sentant menacée, elle se serait retournée vers son agresseur, orientant sa chute différemment.
Malgré l’éventualité de cette hypothèse, Richard restait dubitatif. Cette tournure des choses lui paraissait invraisemblable. Il était certain que dans cette probabilité, le sang aurait giclé vers l’intérieur de l’évier et non à l’extérieur. Pure logique mathématique !
―Pour moi, continua-t-il sûr de lui, Éva devait tenir son flacon d’eau de toilette à la main. Il a dû se briser en touchant le lavabo, bien avant son visage et au moment où elle s’effondrait à terre.
—Donc, tu orientes la piste vers un accident ou un suicide, reprit la lieutenante ! Les somnifères et le verre d’alcool en témoignent pour toi.
—Certes ! Le suicide est une piste sérieuse mais… l’empoisonnement aussi ! Au moment où j’ai fait tournoyer le verre, mon tout premier coup de nez m’a aiguillé, un court instant, vers de l’Amaretto. Mais en le humant plus intensément, des essences de vieille eau-de-vie raffinée sont apparues. Un grand Cognac ou un Armagnac, aux arômes plus complexes !
—Fichtre Richard, je ne te connaissais pas des dons en œnologie ! Tu insinues donc que quelqu’un aurait pu mettre quelque chose dans son verre ?
—Hum… c’est à vérifier ! De toute façon, nous serons fixés dès que Robert Dubois nous aura donné les résultats des analyses de sang et je suppose même qu’il va faire un examen toxicologique plus approfondi.
—Une chromatographie ? Cela change la donne ! Nous voilà donc sur la piste d’un crime. Je parie que l'on demande l’ouverture d’une enquête au procureur ?
Richard approuva d’un signe de la tête. Justine comprit d’emblée que son supérieur visait juste. Elle comprenait à présent le désarroi affiché sur le visage de la victime. Troublée par les suppositions que son chef venait d’émettre, elle se leva et quitta le bureau. La chair de poule parcourait tout son corps.
« L’enquête ne fait que commencer », murmura-t-elle en son for intérieur.
Une heure plus tard, Richard et Justine arrivèrent Place Jean Bart, devant l’immeuble de Yorick Leroy. Une fois sur le palier du deuxième étage, ils tombèrent nez à nez avec un grand blond aux yeux verts en train de tambouriner la porte de l’appartement. Son insistance trahissait son impatience. Justine lui montra sa carte de police et lui demanda son identité.
—Mais ma parole, vous étiez dans le coin pour arriver si vite ! Je viens d’appeler le 17, il y a deux minutes. Je m’appelle David Vermeulen et je suis un ami de Yorick.
—Non, nous avions rendez-vous avec monsieur Leroy à dix heures, répondit Richard, mais vous pourriez peut-être nous expliquer ce qui se passe ?
—J’essaye de joindre Yorick sur son portable depuis hier soir. Nous devions nous voir vers 20 heures chez moi pour les préparatifs de l’anniver…
—De leurs 10 ans de mariage, coupa Justine, nous le savions déjà.
—Cela fait un quart d’heure que je fais le pied de grue devant leur porte. J’ai beau frapper, sonner et appeler avec mon portable, personne ne répond ! Je sais qu’ils sont là. Leur clé est restée dans le chas de la serrure à l'intérieur, car je n’arrive pas à introduire la mienne. Ce n’est pas possible ! Il leur est sûrement arrivé quelque chose, paniqua David.
—Calmez-vous monsieur Vermeulen ! Lui enjoignit le commissaire, comme il n’y a pas de temps à perdre, on va emboutir la porte.
Richard prit son élan pour enfoncer la porte avec son épaule. Au bout de trois reprises, ses efforts restèrent sans succès. David Vermeulen lui lança un regard coopératif, mais il lui fallait l’approbation de l’autorité pour s’exécuter. Un sourire pincé sur les lèvres, Magnac la lui accorda d’un bref signe de tête. Avec son imposante carrure, son inquiétude et toute la rage qu’il avait dans le corps, David abattit le barrage dès sa première tentative.
—Foutue porte ! Grommela-t-il en atterrissant dans le corridor, l’épaule endolorie. Quelle idée d’avoir mis le verrou et la chaînette en plus !
Justine pénétra la première dans le salon et vit, de suite Yorick, couché dans le divan. Elle se précipita vers lui et le secoua comme un prunier sans diligence. Restant inanimé sous l’ardeur du traitement, elle lui tâta le pouls et constata qu’il battait normalement. Richard ne perdant jamais de temps, composait déjà le numéro du SAMU. Quant à David qui s’était précipité vers la chambre à coucher du couple, il en revint livide et effaré.
—Éva n’est pas là ! Où est-elle ? S’écria-t-il en fixant le commissaire dans le blanc des yeux.
—Monsieur Vermeulen, je vous en prie, rétorqua Richard d’une voix pleine d’empathie, asseyez-vous dans ce fauteuil. Nous allons tout vous expliquer ! D’abord, je veux prendre connaissance de tout ce que vous savez.
—De tout ce que je sais ? Mais… de quoi ? Yorick m’avait demandé d’organiser, chez moi, la petite réception pour leur anniversaire. Pour qu’Éva ne se doute de rien, vous comprenez ? J’avais pris en charge le buffet froid que mon chef de cuisine doit livrer cet après-midi. Hier soir, vers 20 heures, il devait m’apporter les bouteilles de champagne, les autres boissons et tout ce qui accompagne l’apéro : les extrudés, les chips, les olives, etc. et toutes ces saloperies du même genre, vous voyez ? En général, il est assez ponctuel. Ne le voyant pas arriver, j’ai essayé de le contacter plusieurs fois à partir de 21 heures et encore ce matin de bonne heure. Pas de réponse !
—Comme vous ne pouviez pas joindre votre ami, pourquoi n’avez-vous pas essayé de téléphoner à son épouse ?
—Non, car Éva n’était pas au courant de cette surprise concoctée en son honneur. Je n’aurais fait qu’éveiller ses soupçons en appelant à une heure tardive. Je me suis dit qu’il me contacterait tôt ce matin pour me laisser un message. Après, je suis sorti prendre un verre au Tuamotu, un bar à rhum à l’ambiance Tahitienne, où une amie m’attendait vers 22 heures.
Tout en fouinant de droite et de gauche, Justine suivait attentivement la conversation des deux hommes. Sur le plan de travail de la cuisine, elle trouva un verre long drink et une bouteille de vodka Smirnoff bien entamée. À côté, une tablette de comprimés Mogadon vide.
—Vous êtes rentré à quelle heure chez vous ? Étiez-vous seul ou accompagné de votre amie ?
—Nous avons quitté le bar un peu avant la fermeture et mon amie a passé la nuit avec moi. Je suis venu ici dès qu’elle m’a quitté et après avoir tenté une dernière fois de joindre Yorick.
—Donc vous n’êtes au courant de rien !
—Mais de quoi commissaire ? Que devrais-je savoir ? Demanda David Vermeulen défiguré par une profonde inquiétude.
—Votre ami nous a contactés hier, car il a trouvé sa femme morte dans la salle de bains lorsqu’il est rentré de l’hypermarché Carrefour !
Richard analysait David pour interpréter son attitude face à une nouvelle si dramatique. Il fut surpris de constater la violence de sa réaction pour un simple ami de la famille. L’impact de cette tragédie semblait percer le cœur de son interlocuteur.
—Oh nooon ! Ce n’est pas possible commissaire ! Ne me dites pas qu’Éva est morte !!! C’est un cauchemar ! Pas elle, pas elle !
David était complètement effondré. Le choc était rude. De grosses larmes irrépressibles dégoulinaient sur son visage.
—Désolé de vous l’apprendre d’une manière aussi brusque monsieur Vermeulen ! Voilà pourquoi nous venions voir Yorick Leroy ce matin.
Juste à ce moment, le SAMU débarqua pour prendre en charge Yorick, toujours inerte dans le divan. Le médecin confirma que le mari d’Éva avait bien tenté de se suicider et que la dose de comprimé ingurgitée, à regarder la tablette, ne devrait pas mettre sa vie en danger.
—Un bon lavage d’estomac et tout rentrera dans l’ordre, déclara le médecin.
Justine confirma d’ailleurs qu’il n’aurait pas pu prendre plus de médicaments, étant donné qu’elle n’avait pas trouvé d’autres comprimés durant son inspection. Elle en conclut de suite que Yorick les avait planqués la veille au soir dans sa poche avant leur arrivée.
—Veuillez-vous tenir à notre disposition monsieur Vermeulen, intima la lieutenante Devos, nous vous convoquerons au commissariat pour répondre à quelques questions.
Justine prit note du numéro de portable et des coordonnées de David et le laissa accompagner son ami à l’hôpital. Deux brigadiers arrivés en même temps que le SAMU, étaient restés en faction dans le couloir de l’immeuble. En sortant de l’appartement, Richard s’adressa à l’un d’eux d’une voix ferme.
—Et que l'on me mette les scellés une bonne fois pour toute ! Je ne veux plus voir personne ici !
(à suivre : le chapitre 4 sera publié demain vers 14 heures)
Les auteurs
Roger Constantin et Krystel à gauche.
A droite Clair Pirotton épouse de Roger ou de Christian, c'est selon...
L'improbable alliance de deux auteurs que rien ne réunissait au départ sauf cet incroyable challenge d'écrire un polar.
Roger Constantin vit au sud de Liège dans les Ardennes belges et son premier roman aborde le domaine sentimental aux dimensions fantastiques.
Krystel habite Dunkerque et écrit des romans historiques, passionnée par la vie de Louis XIV.
Ensemble, ils ont relevé le défi.
Making of (2)
Comment vous est venue l'idée d'écrire ce roman à quatre mains ?
Krystel m'avait donc contacté fin juillet en me parlant qu'elle souhaiterait publier un roman policier et elle me demanda si je pourrais l'écrire. Mon premier roman "Le trente janvier à 15h15" étant d'un tout autre domaine, je lui répondis que je n'étais pas certain d'être capable de me lancer dans une intrigue policière.
Voilà pourquoi elle me proposa son aide dans l'écriture du livre. Quant à l'intrigue, elle me laissa carte blanche pour toute la trame du récit m'imposant juste que l'histoire se passe dans une ville en France.
Après avoir tergiversé durant quelques jours, je me lança dans l'aventure et comme si c'était une évidence, je choisis Dunkerque comme lieu principal pour l'intrigue. Ce qui a été de suite approuvé par Krystel.
(à suivre)
Ajouter un commentaire