Roman: Meurtre à Dunkerque "Sous l'oeil de Jean Bart" Chapitre 16 (Roger Constantin & Krystel)
- Par christian62
- Le 02/05/2020
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Photo d'illustration: Hôtel de Ville de Dunkerque.
Roger Constantin & Krystel
Meurtre à Dunkerque
"Sous l’œil de Jean Bart"
Résumé
Dunkerque, 27 août 2014, Place Jean Bart.
Yorick Leroy découvre son épouse Eva, morte dans la salle de bains, la veille de leur dixième anniversaire de mariage.
Accident ou suicide?
Persuadé qu'il s'agit d'un crime, le commissaire Magnac ouvre une enquête. Les mensonges s'accumulent chez les antagonistes. Yorick mène une double-vie avec Petra son ambitieuse maîtresse. David son meilleur ami ment aussi.
Et même la caissière du supermarché!
Mais qu'ont-ils de si important à cacher?
Et si Jean Bart avait tout vu depuis son piédestal?
Dunkerque : Jean Bart
Cette oeuvre est une pure fiction.
Toute ressemblance avec des faits et des personnes existants ou ayant existés ne serait que fortuite et involontaire.
Chapitre 16
Quai des Jardins, devant l’immeuble de David Vermeulen, Justine arriva pratiquement en même temps que le commissaire Magnac et l’inspecteur Martin. Deux autres voitures de police, bardées chacune de quatre brigadiers, les suivirent à peine de quelques secondes.
—Je vois que t’as fait venir la grande Armada ! Lâcha Justine à l’oreille de son chef.
—Quatre hommes de faction autour du bâtiment et quatre pour fouiller avec nous, ce n’est pas de trop, lui répondit-il en clignant d’un œil.
—Tu n'as pas peur de faire chou blanc et de te rendre ridicule ! C’est ça hein ? Avoue ! Le taquina-t-elle encore, un petit rire hypocrite coincé entre trois syllabes.
—Puisque tu le prends ainsi ma chère, tu auras l’honneur de jouer avec la sonnette !
Justine obtempéra aux ordres de son supérieur et actionna l’interrupteur alimentant l’interphone. Elle insista à trois reprises avant de recevoir une réponse. Une voix féminine encore toute enrouée retentit.
—C’est qui ?
—Police !!! Ouvrez s’il vous plaît ! Somma Justine d’un ton autoritaire.
Une fois la porte déverrouillée, ils s’engouffrèrent dans le couloir. D’un pas pressé, Justine en premier, ils montèrent en file indienne au premier étage où se situait l’appartement. Au moment où ils arrivèrent sur le palier, la porte s’entrouvrit timidement.
—Tiens, tiens... s’exclama Justine, mademoiselle Élodie Morel ! Comme par hasard !
La jeune femme étouffa un bâillement vite dissimulé sous une main nonchalante. Les cheveux en bataille et simplement vêtue d’une nuisette qui dévoilait la plastique parfaite de son anatomie, elle invita les visiteurs impromptus à entrer.
—Mademoiselle Morel, où est monsieur Vermeulen ? Demanda Richard, d’un ton sec, en entrant dans le corridor.
Martin le talonna de près et ne put retenir un regard concupiscent sur les attraits de la belle demoiselle. Richard n’apprécia pas cet exhibitionnisme quoiqu’il ne soit pas calculé. Il voyait bien qu’elle venait d’émerger du sommeil, mais il eut une pensée protectrice pour la horde d’hommes qui le suivait.
—Veuillez enfiler un peignoir mademoiselle, s’il vous plaît. Par respect pour mes collègues ! Votre tenue est des plus indécentes !
—Oh ! Oui, bien sûr ! Marmonna-t-elle confuse, en plaquant les mains sur sa poitrine, euh... David est sous la douche... puis-je m’habiller alors ?
Élodie reçut la permission d’un geste affirmatif de la tête de Justine. Le brouhaha occasionné par l’arrivée des policiers, extirpa David de la salle de bains. Il arriva, encore tout dégoulinant d’eau, un peignoir jeté au débouté sur ses épaules.
—De quoi s’agit-il ? Ah ! Monsieur le commissaire ! Quelle est la cause de tout ce raffut ?
—Vous nous avez menti monsieur Vermeulen ! J’ai ici, un mandat de perquisition !
Richard, hors de ses gonds pour s’être fait rouler dans la farine, lui brandit le document sous le nez dans un élan vindicatif. À ce signal, Justine se retourna vers ses collègues et leur ordonna de commencer la fouille.
—Si vous êtes venu chercher les deux cartons de champagne commissaire, c’est inutile de retourner tout l’appartement ! Les bouteilles sont dans la buanderie.
―Merci pour votre coopération monsieur Vermeulen !
—Mais c’est tout naturel commissaire ! Après sa sortie d’hôpital, Yorick est sans doute passé ici pour les déposer et... il sait que je n’aime pas le désordre ! Il s’est donc efforcé de les ranger dans une armoire de la buanderie. Si vous me l’aviez demandé par téléphone, cela, vous aurez épargné tout un tas de formalités !
—Vous n’étiez donc pas au courant vendredi ?
—Non et si ma compagne n’avait pas ouvert l’armoire hier soir et découvert les cartons, j’aurais vraiment été surpris de votre visite !
Il prit place dans le canapé de cuir blanc et Richard l’imita sans même attendre d’y être convié. L’inspecteur Martin revint du bureau avec la carte bleue de Yorick Leroy. Il la remit à Richard avant de rejoindre Justine dans la buanderie.
—Vous êtes vraiment de grands amis pour être en possession de sa carte bancaire... de sa carte bancaire et de ses clés aussi !!! Vous prête-t-il donc autre chose de tout aussi précieux et que nous ignorons encore ?
Richard eut une pensée subite à l’esprit : «Il vous prêtait peut- être aussi sa femme...» mais il tourna sa langue sept fois dans sa bouche et préféra se taire.
—Yorick est arrivé de Paris, ici, mercredi après-midi vers 15 heures alors qu’il pensait rentrer vers midi. Éva n’était pas bien et il avait un rendez-vous à l’agence de la banque Populaire du Nord, Place Jean Bart. Comme il était déjà très en retard, il m’a demandé d’aller au magasin Carrefour à sa place et il m’a donné la liste des marchandises et sa carte bleue.
—Pourquoi n’avez-vous pas ramené les courses directement ici ?
—Ma voiture était chez mon garagiste pour l’entretien. Yorick m’a donc proposé de prendre sa Porsche et de le déposer près de la banque. Par contre il tenait à récupérer sa voiture à 17h30 car il avait un autre rendez-vous, à 18 heures, à Bergues.
—À Bergues ! Et vous connaissiez la nature de ce rendez-vous ?
—Non pas du tout ! Comme j’étais cinq minutes en retard, il m’a envoyé un texto pour me dire qu’il m’attendait devant l’Église Saint-Éloi. Quand je suis arrivé, il m’a dit : « Garde le volant jusque chez toi... comme c’est plus ou moins mon chemin... ». C’est ce que j’ai fait et je me suis arrêté à l’angle de la rue de La Cunette. Il a repris sa place côté conducteur pour se rendre à Bergues.
Pendant tout ce temps, Élodie était restée dans la chambre. Après avoir enfilé sa jupe et son tee-shirt de la veille, elle s’était étendue sur le lit pour finir par se rendormir. Quant à Justine et Martin, ils revinrent de la buanderie, l’air triomphant. C’est un large sourire aux lèvres que Justine ôta ses gants d’investigation.
—Voilà notre trouvaille! Joli butin, n’est-ce pas commissaire ?
Une seringue dans un sachet plastique et deux petits flacons. L’un contenant certainement du cyanure, vu l’odeur, l’autre inodore, à faire analyser. David observa Justine d’un œil surpris tout d’abord puis son sang ne fit qu’un tour. La peur s’empara de ses tripes. Sous les prunelles accusatrices de la belle lieutenante, il devinait qu’il était victime d’une machination.
—Désolé monsieur Vermeulen, déclara Richard, mais avec notre découverte, vous êtes en état d’arrestation. Vous avez cinq minutes pour vous habiller ! Et on embarque la fille aussi, elle a certainement des trucs intéressants à nous raconter.
Justine se rendit vers la chambre pour interpeller Élodie qui était restée indifférente aux investigations. Elle dut la secouer sans ménagement pour la sortir de sa prolongation nocturne. La jolie brune se pointa dans le salon et regarda David tout ébahie.
—Tout ça pour une carte volée ! On a même pas pu partir en cavale... c’est vraiment trop con !
—Mais qu’est-ce qu’elle raconte là ? Demanda Richard, face à une réflexion aussi insensée qu’absurde.
—Ooooh! Elle croit revivre un vieux rêve d’ado commissaire ! Répondit David, blasé et soumis.
Maintenant qu’il était entre les mains implacables de la police, il n’était plus à ça près ! Les brigadiers et l’inspecteur Martin emmenèrent les deux suspects vers les voitures, sous les yeux avides des « ragoteurs » du quartier. Richard et Justine sortirent en dernier après avoir verrouillé l’appartement. Seule sur le palier, Justine en profita pour l’attirer à elle en lui passant un bras autour du cou. La joue rosie de Richard reçut un doux baiser qui frôla ses lèvres.
—Bien joué Richard ! Tu m’as épatée sur ce coup-là ! Les bouteilles passent encore, mais la seringue et les fioles... tu crois que Vermeulen est... ?
—Complice peut-être, coupable non, assura un Richard mis mal à l’aise par le transport affectif de sa subalterne, c’est bien trop flagrant de planquer des éléments compromettants dans sa buanderie !
—Bon ! Je te fais confiance. Ton flair de chien de chasse ne t’a jamais fait défaut. On trouvera peut-être des empreintes ! Et avec Vermeulen, que vas-tu faire ?
—Le placer en garde à vue et le cuisiner un peu. On peut bluffer en lui faisant porter le chapeau un moment. S’il n’est pas complice, il nous dira vite ce qu’il nous cache !
Martin les attendait à la sortie de l’immeuble avec deux brigadiers. Les autres policiers étaient déjà repartis à l’hôtel de police avec les deux appréhendés. Une fois au bas de l’escalier, Richard s’avança vers lui.
—Je rentre avec la lieutenante Devos, dit-il, j’ai une dernière mission à vous confier Martin. J’aimerais que vous restiez sur place, le temps d’envoyer une équipe de planque. On ne sait jamais ! Leroy ou sa belle rousse pourrait faire un tour séparément, obligeant l’autre équipe à jouer à quitte ou double.
Les deux brigadiers quittèrent également les lieux, laissant Martin seul pour la surveillance. Une patrouille le récupérera dès que la relève sera assurée. Richard prit place dans la Scénic de fonction, côté passager, et regarda Justine. Un sourire bienveillant scindait sa bouille rondouillarde. Il lui tapota l’épaule et laissa glisser sa main dans les méandres de sa longue chevelure.
—Bon sang commissaire, vous allez me donner des frissons !
—Pardon...
Confus, il retira ses doigts pour les porter sur son visage aussi rouge qu’une pivoine. Justine éclata de rire en voyant sa tête. Une tête d’adolescent timide. Elle mit le contact et démarra en direction du commissariat.
(à suivre : le chapitre 17 sera publié demain vers 14 heures)
Les auteurs
Roger Constantin et Krystel à gauche.
A droite Clair Pirotton épouse de Roger ou de Christian, c'est selon...
L'improbable alliance de deux auteurs que rien ne réunissait au départ sauf cet incroyable challenge d'écrire un polar.
Roger Constantin vit au sud de Liège dans les Ardennes belges et son premier roman aborde le domaine sentimental aux dimensions fantastiques.
Krystel habite Dunkerque et écrit des romans historiques, passionnée par la vie de Louis XIV.
Ensemble, ils ont relevé le défi.
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